« Regain » : le mythe fondateur en Provence

De Jean Giono, on connaît surtout Le hussard sur le toit – évoqué ici. Dès ses premières oeuvres, l’écrivain dessine les paysages qui sont les siens : la région de Manosque. En 1929, il publie Regain, l’histoire de la renaissance d’un village moribond, renaissance d’un monde.

Dans le village d’Aubignane, il n’y a plus que trois habitants : Gaubert, « la Mamèche », et Panturle. Rapidement, les deux premiers partent et Panturle se retrouve seul. Sa rusticité est celle du chasseur, qui devient presque une bête. Il vit au sein d’une nature personnifiée : les collines sont « velues », la terre « gémit », le vent « prend son élan » et « plaque sa grande main tiède ».

Une femme, amenée en secret par « la Mamèche », arrive au village. Arsule apporte avec elle une humanité féconde, celle qui sème le grain et récolte le blé, tout autant que l’amour. « La terre d’Aubignane redeviendra de la terre à homme », prédit un vieillard voisin, qui n’est autre que Gaubert. Le lieu imaginaire, la narration au présent et les symboles de la fondation bâtissent un mythe primitif, celui de la civilisation.

Giono réussit à raconter cette histoire avec le ton familier et oral du paysan – avec ça et là expressions régionales -, tout en gardant l’élégance d’un style littéraire : « Le brouillard est contre la vitre. On entend dans ce brouillard un corbeau qui crie. Et on le voit passer de temps en temps devant la vitre comme une ombre de l’air. A part ça, pas de bruit, sauf le craquement du silence. » Une petite merveille, que Pagnol porta à l’écran en 1937.

Une réflexion sur “« Regain » : le mythe fondateur en Provence

Laisser un commentaire